dimanche 9 janvier 2011

La silhouette

Dans bon nombre de ses œuvres, Daniel Tremblay fait apparaître ce que l’on pourrait qualifier de « bonhommes » : des silhouettes de visages ou de corps crées de lignes courbes, n’ayant aucune particularité, asexuées et comme anonymes. Tout le monde peut se reconnaître à travers ces personnages linéaires, et l’on ne sait qui Daniel Tremblay a voulu y représenter. Lui, nous, ou bien des individus bien particuliers qui l’ont inspiré ? On pourrait également se demander, comme le personnage conserve toujours le même visage et la même silhouette, si ce n’est pas une volonté de l’artiste de le maintenir en vie, de le faire vivre comme un héros tout au long de ses tableaux ou chacun de ces derniers serait un épisode, une aventure… 

Sans titre, 1983.
Les visages ne sont reconnaissables que par ce trait continu qui dessine le front, puis le creux des yeux, le nez, les lèvres et enfin le menton : la seule particularité de ces visages sont qu’ils sont en permanence dessinés de profil. Mais c’est ce profil qui permet la simplicité et la continuité de ce trait qu’une esquisse de face ne permettrait pas. Les personnages par ce tracé à la ligne sans plein ni délié, semble en apesanteur dans les tableaux, comme suspendu dans les airs et l’espace de l’œuvre. Ils naissent comme des êtres sans profondeur. Les lignes s’arrêtent, inachevées, au milieu et donnent alors l’illusion que les visages flottent dans l’espace, ou bien sont simplement stoppées par les bords du tableau. Dans les deux cas, l’utilisation de la ligne pour les formes que Daniel Tremblay représentent, leur donne un caractère fantomatique, une absence, des ombres et c’est cela qui rend les tableaux si mystérieux. Cependant, la ligne forme le paradoxe car en étant simple et le dessin peu complexe, elle allège la signification de ses formes et rend le tableau plus abordable et attirant.   

« J'ai travaillé avec des profils parce que le profil c'était le moyen le plus simple de signifier un homme, c'est-à-dire avec un minimum de signes, on arrive à raconter un personnage, alors que si on le fait de face, on est obligé d'écrire davantage. Toutes ces séries de profils devenaient une espèce de calligraphie, une sorte d'écriture où il y avait une conversation entre tous ces profils. »
Daniel Tremblay

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